[°sp=
°]
[°sp°]Au matin, toutes les
entrées
[°sp°] du
zoo
placées sous bonne garde,[°sp°]
employés
[°sp°] et
visiteurs
furent refoulés à l'extérieur. Cela fit de l'établissement un territoire[°sp°]
hermétique
[°sp°] où, dans les
allées
,[°sp°] patrouillaient les
jaguars
[°sp°]tandis que les
crocodiles
[°sp°] se chargeaient des
canaux
.[°sp°] Un
tissu
, trempé dans le sang de la victime,[°sp°] fut
hissé
,[°sp°] nouvel
étendard
, sur le bâtiment directorial.[°sp°] Édouard
s'installa
[°sp°] dans le
fauteuil
de cuir du directeur qu'il estima adapté[°sp°] à ses
formes
. [°sp°]Néanmoins, Gisèle expliqua qu'il y avait un
siège
[°sp°] plus
confortable
[°sp°] et plus
imposant
dans la capitale fédérale.
[°sp=
°][°sp°]Parfois, le
directeur
ajoutait [°sp°]un
lit
[°sp°] de
camp
aux[°sp°]
meubles
[°sp°] de son
bureau
et passait la nuit[°sp°] au
zoo
. Gisèle et Édouard guettèrent l'occasion. Le moment fatidique arrivé, accompagnés[°sp°] des deux
fauves
, ils s'introduisirent [°sp°]dans les
locaux
[°sp°] et
exigèrent
[°sp°] la
remise
[°sp°] des
clefs
[°sp°], le
code
[°sp°] du
coffre-fort
[°sp°] et les
jetons
de la machine à café. L'homme,[°sp°] trop
fier
pour [°sp°]
céder
[°sp°],
refusa
.[°sp°] Le
lion
[°sp°]attrapa l'
orgueilleux
par l'arrière,[°sp°] le
maintint
[°sp°], le
tigre
[°sp°] lui
arracha
la tête. Le reste[°sp°] du
corps
fut dépecé et distribué à parts égales à tous les animaux. Ce furent de belles et grandes[°sp°]
ripailles
.
[°sp=
°]
La première apparition[°sp°] des
fauves
[°sp°]en
habits
militaires provoqua la stupéfaction[°sp°] du
public
[°sp°] aussi bien que du
directeur
, ainsi que le retour précipité[°sp°] du
criminologue
-[°sp°]
éthologiste
. [°sp°]Les deux
félins
[°sp°]
se tenaient
debout, impassibles, dressés [°sp°]sur leurs
pattes
arrière [°sp°]comme
montant
[°sp°]la
garde
devant Buckingham. L'homme[°sp°] de
science
expliqua[°sp°] cet
événement
par l'hypothèse[°sp°] d'une
avancée
[°sp°]
prodigieuse
de l'animalité[°sp°] vers la
civilisation
. Ce nouvel état [°sp°]était un
progrès
, il s'agissait d'une humanisation, rien à ajouter.[°sp°] Le
directeur
[°sp°], comme le
public
, furent rassurés.
[°sp=
°]
Chaque jour, Édouard entraînait[°sp°] les jeunes
félins
à des actions
disciplinées
: capture [°sp°]de petites
proies
[°sp°] ou
surveillance
[°sp°]
nocturne
.[°sp°] Le
lionceau
[°sp°]et le
tigreau
acquirent des muscles, leur obéissance[°sp°] au
gorille
était totale,[°sp°] la
terreur
s'installa [°sp°]dans les
enclos
. [°sp°]La nuit tombée, les
hippopotames
[°sp°]
se maintenaient
sous l'eau [°sp°]au risque de se
noyer
et les femelles orang-outang [°sp°]
se réfugiaient
[°sp°] dans les
branches
[°sp°]
hautes
. [°sp°]Gisèle fabriqua deux
costumes
[°sp°]
noirs
[°sp°]avec des
épaulettes
dorées.[°sp°] Les deux
fauves
[°sp°]étaient prêts pour les
hostilités
[°sp°] ou la
parade
.
[°sp=
°]
[°sp°]Tous les matins, la
soigneuse
pesait[°sp°] les trois
lionceaux
[°sp°] et les deux petits
tigres
de l'année. [°sp°]Elle
choisit
[°sp°] le plus
fort
de chaque espèce et apporta[°sp°] les deux
élus
à Edouard. Il regarda [°sp°]droit dans les
yeux
des innocents, fit [°sp°]un
sourire
[°sp°]
sévère
[°sp°] proche du
rictus
et murmura : [°sp°]« maintenant, je suis votre
père
». [°sp°]Les
bambins
furent confiés[°sp°] aux
femelles
[°sp°]
orang-outang
pour l'allaitement, [°sp°]tandis qu'au loin derrière leurs
grilles
,[°sp°] les
parents
[°sp°]
désolaient
. « Rassurez-vous »,[°sp°] leur cria le
gorille
, « je ferai leur éducation,[°sp°] de bons petits
soldats
[°sp°], bien
obéissants
».
[°sp=
°]
De toute évidence, par leur insoumission, [°sp°]les
lions
et les [°sp°]
tigres
devenaient un problème. Gisèle et Edouard, errant dans l'esprit l'un de l'autre, tinrent une conférence [°sp°]
mentale
, élaborant [°sp°]par
osmose
une stratégie visant à faire[°sp°]
avancer
leur projet[°sp°] de
conquête
du monde. Une confrontation [°sp°]
directe
[°sp°] avec les
fauves
étant risquée, l[°sp°]'usage de la
ruse
se révélait le moyen [°sp°]le plus
adéquat
. Ils dressèrent un plan[°sp°]
odieux
,[°sp°] sachant que des
naissances
avaient eu lieu récemment [°sp°]chez les
félins
, et que Gisèle[°sp°] avait accès aux
nouveau-nés
.
[°sp=
°]
[°sp°]Les
félins
sont des êtres fantasques chérissant[°sp°] une
liberté
sans concession. L'hégémonie d'Édouard[°sp°] sur le
zoo
n'altérait pas[°sp°] leurs
existences
et ils veillaient à conserver [°sp°]
élégance
[°sp°] et
dignité
. Quand fut instauré [°sp°]le
service
[°sp°]
militaire
obligatoire, ils regardèrent, en bâillant,[°sp°] les
singes
à la manoeuvre, [°sp°]les
girafes
[°sp°]
monter
[°sp°] la
garde
[°sp°], les
hippopotames
et les crocodiles garantir la sécurité [°sp°]
navale
[°sp°] des
bassins
[°sp°], les
serpents
se faufile[°sp°]r dans le
bureau
de l'administration[°sp°] et
espionner
le directeur,[°sp°] ainsi que les
écureuils
[°sp°]
amasser
des réserves[°sp°] de
guerre
.
[°sp=
°]
La fusion[°sp°] des
enclos
permit[°sp°] au
gorille
et à Gisèle[°sp°] de
contrôler
[°sp°] les grands
singes
. Sans tarder,[°sp°] les
espèces
plus petites vinrent [°sp°]
faire allégeance
[°sp°],
apportant
[°sp°]
offrandes
[°sp°] et
propositions
[°sp°] d'
épouillage
[°sp°], demi-
oranges
fermentées[°sp°],
pommes
[°sp°],
noisettes
[°sp°] et quelques
colifichets
soutirés par ruse[°sp°] aux
visiteurs
.[°sp°] Un
douroucouli
, vêtu d'une veste [°sp°]de
fanfare
à boutons[°sp°]
dorés
[°sp°],
présenta
, et avec la grâce d'une vaste[°sp°]
courbette
, proposa[°sp°] d'
assumer
[°sp°] la
tâche
[°sp°] de
fou
[°sp°] du
roi
. L'union [°sp°]des
singes
[°sp°]sous une seule
bannière
était scellée, [°sp°]mais les
lions
[°sp°] et les
tigres
renâclaient à se soumettre.
[°sp=
°]
[°sp°]L'
affaire
[°sp°] était
résolue
, mais titillé [°sp°]par l'
orgueil
,[°sp°] le
professeur
espérait[°sp°] des
accouplements
qui feraient [°sp°]
émerger
une nouvelle variété [°sp°]de
singes
à laquelle il pourrait accoler son nom, faisant un pas [°sp°]vers la
postérité
: «[°sp°] le
Gorang
-[°sp°]
Outille
[°sp°] de
Kramer
». [°sp°]Le dernier
mâle
valide et [°sp°]en âge de
procréer
[°sp°] étant
Édouard
, il ordonna[°sp°] de
fusionner
[°sp°] les deux
enclos
[°sp°]en une seule
entité
. Sous ses ordres, une horde[°sp°] de
serruriers
munis[°sp°] de
tronçonneuses
[°sp°]et de
postes
à souder [°sp°]
déplacèrent
[°sp°] les
grillages
[°sp°] et
établirent
,[°sp°] au milieu d'
éclairs
[°sp°] et d'
étincelles
, [°sp°]un nouveau
périmètre
.
[°sp=
°]
Tout devint clair aux yeux[°sp°] du
criminologue
.
Il ordonna[°sp°] de
filtrer
[°sp°] l'
eau
[°sp°] de la
bassine
. On trouva [°sp°]des
lunettes
[°sp°] de
soleil
, un ancien[°sp°]
Walkman
[°sp°]
contenant
[°sp°] une
cassette
[°sp°] de
variété
, [°sp°]un
téléphone
d'avant[°sp°] sans
appareil
[°sp°] de
photo
et une minuscule[°sp°]
graine
[°sp°]
fripée
et blanchâtre.[°sp°] L'
homme
[°sp°]
exulta
à la découverte[°sp°] de cette
pièce
[°sp°] à
conviction
[°sp°], prit une
inspiration
et se lança[°sp°] dans l'
explication
[°sp°] des
événements
.[°sp°] Les
orangs-outans
sont gourmands et maladroits. Philibert s'y prenant mal laisse[°sp°]
tomber
[°sp°] la
cacahuète
[°sp°]dans le
bassin
,[°sp°] refuse de l'
abandonner
[°sp°] et
se noie
par gourmandise.
[°sp=
°]
A la surprise de Gisèle, [°sp°]le
directeur
prit l'initiative [°sp°]de
mandater
[°sp°]un
professeur
[°sp°] d'
université
expert [°sp°]en
criminologie
[°sp°] et en
éthologie
[°sp°], non qu'il n'
accordât
[°sp°]plus sa
confiance
[°sp°] à la
soigneuse
, mais se souvenant[°sp°] qu'elle n'était qu'une
femme
.[°sp°] L'
homme
[°sp°]
arriva
avec un aréopage[°sp°] d'
assistants
.[°sp°] Ils
se dispersèrent
[°sp°] autour du
corps
,[°sp°]
observant
[°sp°]chaque
recoin
[°sp°] et
déposant
[°sp°] des petits
triangles
jaunes en plastique, numérotés, un [°sp°]devant la
coque
[°sp°]
vide
[°sp°]d'une
cacahuète
, [°sp°]d'autres tout au long de l'
empreinte
[°sp°] de la
roue
[°sp°]de la
brouette
.[°sp°] Le
savant
[°sp°]
supervisant
[°sp°] l'
action
fronça les sourcils.
[°sp=
°]
[°sp°]Un
conquérant
frappe vite[°sp°] et
fort
, sans pitié, sans retenue[°sp°] et ne
tremble
jamais. [°sp°]Un immense
désarroi
[°sp°]
s'installa
dans l'enclos[°sp°] des
orangs-outans
[°sp°]lorsqu'il fut évident que Gisèle
orienterait
[°sp°] les
investigations
[°sp°] et que jamais la
justice
[°sp°] ne serait
rendue
.[°sp°] Édouard
observait
de loin [°sp°]les
actions
[°sp°]
factices
[°sp°] de sa
complice
.[°sp°] Il
avait
[°sp°] la
morgue
[°sp°] d'une
divinité
, jouissant[°sp°] du
désespoir
[°sp°]comme de la
tristesse
, jubilant de la puissance[°sp°] du
choc
[°sp°] qu'il avait
assené
et ne doutait [°sp°]pas que tous les
primates
[°sp°] du
zoo
[°sp°] seraient
paralysés
[°sp°] par l'
impuissance
.
[°sp=
°]
La mort[°sp°] est un
mystère
ne supportant [°sp°]aucune
faille
[°sp°] et se
calfeutrant
[°sp°] à l'ombre d'un
mur
[°sp°]
infranchissable
. Le cadavre fut envahi[°sp°] de
gaz
[°sp°] et
gonfla
avant sa découverte[°sp°] par les
balayeurs
.[°sp°] Son
allure
[°sp°]était
terriblement
[°sp°]
grotesque
[°sp°] et par instant des
gargouillements
[°sp°]
libéraient
[°sp°] une
odeur
[°sp°]
insupportable
. Informé immédiatement, le directeur[°sp°] du
zoo
[°sp°] vint
constater
[°sp°] le
désastre
[°sp°] et ordonna de
retarder
[°sp°] l'
ouverture
[°sp°] des
portes
[°sp°] au
public
. Doutant des compétences[°sp°] du
vétérinaire
, un jeune[°sp°] aux
idées
[°sp°]
progressistes
, il confia [°sp°]l'
enquête
à Gisèle et retourna à l'abri[°sp°] de son
bureau
.
[°sp=
°]
Face à l'apparition[°sp°]
massive
d'Édouard[°sp°]
poussant
[°sp°] la
brouette
[°sp°]
grinçante
[°sp°], les
femelles
de Philibert posèrent [°sp°]leurs
mains
à plat sur le sol,[°sp°]
paumes
offertes en signe de soumission. Gisèle fit jouer la serrure[°sp°] de l'
enclos
[°sp°] des
orangs-outans
[°sp°] et laissa le
gorille
pénétrer[°sp°] jusqu'à l'
abreuvoir
où celui-ci immergea[°sp°] la
tête
[°sp°] du malheureux
primate
entre deux épluchures[°sp°] de
salade
. Il arrangea les pattes avant[°sp°] et
redressa
[°sp°] l'arrière-
train
dans une posture obscène, lissa [°sp°]les longs
poils
[°sp°]
roux
et le crime se trouva maquillé[°sp°] en
accident
[°sp°]
domestique
.
[°sp=
°]
Il n'était pas acceptable de laisser flotter le corps[°sp°] de
Philibert
dans la pataugeoire[°sp°] des
hippopotames
. Pareille découverte susciterait [°sp°]une
curiosité
démesurée et entraînerait l'ouverture[°sp°] d'une
enquête
. Le crime devait être maquillé en [°sp°]
accident
survenu dans un lieu coutumier[°sp°] à l'
orang-outan
.[°sp°] Le
cadavre
[°sp°] fut
chargé
sur une brouette[°sp°] qu'
Édouard
[°sp°]
poussa
sans difficulté[°sp°] au travers des
allées
.[°sp°] Malgré la
roue
[°sp°] qui
grinçait
[°sp°]
affreusement
à chaque tour, aucun animal ne remarqua[°sp°] l'étrange
attelage
.[°sp°]
Soulagés
,[°sp°]
Herbert
[°sp°] et
Herbert
convinrent qu'il ne s'était rien passé cette nuit-là.
[°sp=
°]
Gisèle, n'y tenant plus,[°sp°]
se jeta
[°sp°] dans l'
eau
boueuse, attrapa[°sp°] la
tête
[°sp°] de l'orang-
outang
[°sp°] et l'
enfonça
sous la surface. Philibert, estomaqué par la trahison de celle qui l'espace d'un instant avait été[°sp°] son
amante
, de ses yeux écarquillés[°sp°] et
incrédules
, fixait [°sp°]le
visage
[°sp°]de cette
beauté
tordu[°sp°] par l'
effort
, s'étonnait[°sp°] de la
bave
s'écoulant entre les dents serrées et s'attrista[°sp°] de cette
métamorphose
sadique dénaturant[°sp°] l'
idyllique
[°sp°]
figure
.
Désespéré,
[°sp°] il se laissa
couler
[°sp°] et
accepta
[°sp°] la
noyade
.[°sp°] Plus tard, il eut un
soubresaut
définitif, [°sp°]dont les
hippopotames
capturèrent [°sp°]l'
image
et l'horreur.
[°sp=
°]
Dans les abysses, le fracas[°sp°] du
pugilat
s'ébruitait avec la légèreté des bulles[°sp°] d'
air
, qui, s'échappant[°sp°] de la
fange
, s'enfuient vers la liberté[°sp°] de l'
atmosphère
. Herbert et Herbert,[°sp°]
remontèrent
et glissèrent un oeil en dehors. [°sp°]Les
combattants
[°sp°]
s'écharpaient
à un endroit de faible profondeur. Philibert, malgré le poids[°sp°] du
gorille
posé sur son torse, parvenait à conserver[°sp°] la
tête
[°sp°]hors de l'
eau
. [°sp°]La
situation
[°sp°] était sans
issue
,[°sp°] l'un ne parvenant pas à
noyer
l'autre, et l'autre [°sp°]ne pouvant plus se
redresser
. [°sp°]
Circonspects
[°sp°], les deux
hippopotames
[°sp°]
s'immergèrent
encore une fois.
[°sp=
°]
[°sp°]Le couple d'
hippopotames
,
Herbert et Herbert,[°sp°]
sommeillaient
[°sp°] sous les
eaux
boueuses lorsqu'ils eurent la sensation[°sp°] d'une
présence
.[°sp°] Simultanément, leurs
yeux
[°sp°]
émergèrent
à la surface et ils découvrirent,[°sp°] devant les
roseaux
[°sp°], au pied de l'
étang
, l'étrange[°sp°]
assemblage
de Gisèle et Philibert à l'instant où celui-ci déposait [°sp°]un
baiser
[°sp°] sur les
lèvres
[°sp°] de la
femme
.[°sp°] Ils re
plongèrent
, se refusant à la vision [°sp°]d'une
scène
[°sp°]
immorale
.[°sp°] Leur
apnée
étant limitée, ils revinrent au moment où Édouard[°sp°]
s'abattait
sur l'orang-outang [°sp°]de depuis les
joncs
. [°sp°]Ils
plongèrent
à nouveau.
[°sp=
°]L'occasion [°sp°]
se présenta
le soir même.[°sp°] Une
lune
argentée enrobait [°sp°] la
brume
[°sp°] d'une
parure
lascive [°sp°] quand Gisèle
s'introduisit
[°sp°] dans la
cage
de Philibert et, sans un mot, l'entraîna [°sp°]par la
main
[°sp°] pour une
promenade
[°sp°]
nocturne
.[°sp°]
Flatté
,[°sp°] le vieux
mâle
, l'esprit[°sp°]
amoindri
[°sp°] par des
désirs
inavouables, son coeur battant[°sp°]
chamade
[°sp°] et
fierté
, se laissa[°sp°]
guider
[°sp°] au travers des
allées
.[°sp°] Arrivé à
destination
, devant la magie des
scintillements
[°sp°]
lunaires
[°sp°]
irisant
[°sp°] la
surface
[°sp°] de l'
eau
, [°sp°]il
devina
[°sp°] l'
instant
délicieux, et fermant[°sp°] les
yeux
, avança [°sp°]ses
lèvres
lippues vers l'adorable[°sp°]
minois
de la femme.
[°sp=
°]
[°sp°]Le
gorille
[°sp°] était plus
fort
[°sp°] que l'
orang-outan
,[°sp°] mais ce dernier ayant
séjourné
[°sp°] dans un
zoo
au Japon, [°sp°]
connaissait
[°sp°] les
arts
[°sp°]
martiaux
. Afin de réussir l'assassinat [°sp°]du
gêneur
, Gisèle était déterminée[°sp°] à
attirer
[°sp°] l'
intelligent
[°sp°]
primate
[°sp°] dans un
endroit
[°sp°]
discret
[°sp°] où le
piège
[°sp°] serait sans
échappatoire
: [°sp°]l'
étang
des hippopotames. Dissimulé à la vue de tous par une barrière [°sp°]de
bambous
[°sp°] et
offrant
[°sp°] de nombreuses
cachettes
à Edouard,[°sp°] c'était le
lieu
propice[°sp°] pour un
traquenard
. Elle déboutonnerait sa chemise afin de distraire Philibert avec l'amorce [°sp°]de son
corsage
.
[°sp=
°]
[°sp°]La
fermeture
[°sp°] des
portes
[°sp°] du
zoo
[°sp°] obligeait les
visiteurs
[°sp°] à
vider
[°sp°] les
lieux
[°sp°] par l'
allée
[°sp°]
centrale
.[°sp°] La
nuit
[°sp°]
grise
propagea[°sp°] une
obscurité
[°sp°]
propice
[°sp°] aux
conciliabules
[°sp°] et aux
complots
. Gisèle et Édouard[°sp°]
se retrouvèrent
[°sp°] dans le
secret
[°sp°] du faux
arbre
[°sp°] en
béton
[°sp°]où ils laissèrent
traîner
[°sp°]
maladroitement
[°sp°]leurs
mains
[°sp°] sur le
corps
de l'autre,[°sp°] des
caresses
[°sp°] et des
griffures
,[°sp°] puis
se consultèrent
[°sp°] sur la
mise en oeuvre
[°sp°] du
plan
de la conquête du monde.[°sp°] Le premier
obstacle
[°sp°] était le
malin
Philibert qui ne semblait pas insensible[°sp°] aux
charmes
[°sp°] de la
femme
, à l'évidence [°sp°]: son
point
[°sp°]
faible
.
[°sp=
°]
[°sp°]La
femme
comprit [°sp°]que l'
orang-outang
[°sp°],
animal
[°sp°]
perspicace
[°sp°],
devinait
[°sp°]les
intentions
[°sp°]
maléfiques
[°sp°] du
couple
et s'y [°sp°]
opposerait
,[°sp°] même au prix de la
délation
.[°sp°] Les deux
se jaugeaient
[°sp°] tels la
mangouste
[°sp°] et le
cobra
,[°sp°] puis, avec un
geste
[°sp°] de
défi
[°sp°],
contenant
[°sp°]
menace
[°sp°] et
morgue
[°sp°], Gisèle
redressa
[°sp°] son
buste
par-dessus la brouette, glissant [°sp°]un
sourire
empoisonné sur ses lèvres. Dans son esprit, [°sp°]la
provocation
[°sp°] était une
dissuasion
[°sp°], mais le
primate
, troublé, considéra[°sp°] le
geste
[°sp°]comme un
aguichage
. [°sp°]Elle le
constata
,[°sp°]
ricana
[°sp°] et
pensa
[°sp°]si
fort
[°sp°]qu'Édouard en fut
informé
[°sp°] à l'
instant
.
[°sp=
°]
Toute la journée, [°sp°]Gisèle
déambula
[°sp°] à proximité de la
cage
d'Édouard, échangeant avec lui de longs [°sp°]
filaments
[°sp°] de
pensées
,[°sp°] des
lenteurs
[°sp°]
troublées
[°sp°] par les
éclairs
[°sp°] des
stimulations
[°sp°]
romantiques
. [°sp°]Parfois,
frappée
, [°sp°]elle
se figeait
[°sp°] sur sa
brouette
[°sp°]comme si une
douleur
[°sp°]
étreignait
[°sp°] son
ventre
, la laissant[°sp°]
pantoise
, victime[°sp°] de
sensations
[°sp°]
violentes
,[°sp°]
viscérales
[°sp°]et
inexpliquées
. Privée[°sp°] de
souffle
, [°sp°]
abasourdie
,[°sp°] son
regard
[°sp°]
errait
[°sp°] sur les
enclos
et ne s'accrochait à rien. Du moins jusqu'au moment où elle remarqua que Philibert[°sp°] la
scrutait
[°sp°] avec une
attention
[°sp°]
redoublée
.
[°sp=
°]Philibert était né [°sp°]et avait
vécu
[°sp°] dans une
forêt
de Tanapuli avant d'être capturé [°sp°] et
exporté
en Occident[°sp°]. Son
pelage
[°sp°]
clairsemé
avait la couleur de la rouille,[°sp°] une grande
barbe
[°sp°] lui tombait du
menton
et indiquait la longueur[°sp°] de sa
sagesse
. De bon caractère, il se montrait [°sp°]toujours très
doux
[°sp°]avec les
femelles
[°sp°] et les
jeunes
.[°sp°] Les autres
singes
disaient de cet orang-outang qu'il était bon [°sp°]
pédagogue
, [°sp°]
gentleman
et d'une composition[°sp°]
juste
[°sp°] et
digne
. Toute la journée, il observa du coin de l'oeil les stupéfiants [°sp°]
ébats
d'Édouard [°sp°]et devint
suspicieux
.
[°sp=
°]
[°sp°]Devant la
cage
[°sp°] des
gorilles
, les mères[°sp°] de
famille
venues instruire[°sp°] leur
progéniture
des choses[°sp°] de la
nature
eurent du mal a expliquer[°sp°], à leurs
rejetons
[°sp°]
goguenards
,[°sp°] les
actes
[°sp°] du
mâle
[°sp°] au
dos
[°sp°]
argenté
.[°sp°] Animé d'une
fougue
insatiable[°sp°], Edouard
enfourcha
[°sp°] toutes les
femelles
les unes après les autres[°sp°], se
s'agitant
[°sp°] devant la
baie
[°sp°]
vitrée
[°sp°] et la
foule
[°sp°]
ébahie
. [°sp°]Durant les
virevoltes
,[°sp°] il promenait sur les
quidams
[°sp°]un
regard
[°sp°] d'une
morgue
extraordinaire.[°sp°] Ce fut un jour
mémorable
[°sp°] qui attira l'
attention
[°sp°] de tous les
animaux
voisins, [°sp°]dont les
intelligents
orangs-outangs.
[°sp=
°]
Gisèle quitta à regret[°sp°] l'
enclos
d'Édouard, à reculons,[°sp°] afin d'
admirer
encore et encore[°sp°] la
figure
[°sp°]
majestueuse
[°sp°] du
gorille
. [°sp°]Lui,
se tenait
debout, agrippé [°sp°]à une
liane
[°sp°]
synthétique
. Elle emportait de son côté[°sp°] une
part
[°sp°]
animale
[°sp°]qui la
submergeait
. Lui, voyait[°sp°] son
corps
[°sp°]
redressé
[°sp°] par l'
ambition
[°sp°]
humaine
, changea[°sp°] sa
démarche
et s'installa [°sp°]dans une
verticalité
[°sp°]
permanente
[°sp°] et
royale
. En s'éloignant, [°sp°]elle se mit à
chalouper
, [°sp°]laissant
traîner
[°sp°] ses
mains
jusqu'au sol. Personne, au réfectoire, ne prêta attention à sa nouvelle manière[°sp°] d'
engloutir
[°sp°] les
aliments
.
[°sp=
°]
[°sp°]Que
ressentir
[°sp°] lorsque l'
écume
retombe
[°sp°] après l'
ouragan
? [°sp°]Aucun des deux n'avait d'emprise sur la
tristesse
[°sp°] de la
dissolution
,[°sp°] mais chacun
ressentait
[°sp°] un
contentement
[°sp°] si
puissant
[°sp°] et si
profond
qu'ils décidèrent[°sp°] de
renouveler
[°sp°] l'
expérience
[°sp°] aussi
souvent
que possible. [°sp°]A l'aube, ils
se reposaient
[°sp°] dans les
bras
[°sp°] et la
confiance
[°sp°] de l'
autre
, dans la quiétude qui suit[°sp°] l'
acte
[°sp°] d'
amour
[°sp°] et l'
assouvissement
[°sp°] des
corps
. Ils étaient inondés par [°sp°]la
chaleur
[°sp°] de leurs
sexes
[°sp°]et une
sueur
[°sp°]
imaginaire
s'évaporait [°sp°] de leurs
âmes
. [°sp°]Pourtant ils
se dégagèrent
[°sp°] avant l'
arrivée
[°sp°] des
visiteurs
.
[°sp=
°]
Leurs pensées s'accouplèrent d'une manière [°sp°]
bestiale
afin de contredire [°sp°] l'
anesthésie
[°sp°] de la
mort
[°sp°] et la
séparation
[°sp°]des
espèces
.[°sp°] Bien qu'
immatérielles
, les positions étaient[°sp°]
obscènes
et eurent réjoui le marquis de Sade.[°sp°] La
Courbette
[°sp°] d'
Andromaque
, la Grande-[°sp°]
velue
[°sp°] et le
Crotale
-rampant.[°sp°] Ces
fantasmes
[°sp°]
surpassaient
[°sp°] le
réel
[°sp°]
possible
[°sp°] des
corps
.[°sp°] Les
fulgurances
imaginées devenaient[°sp°] un
océan
[°sp°] de
brindilles
secouées [°sp°]par les
turbulences
[°sp°] d'un
ouragan
.[°sp°] Les
orgasmes
successifs,[°sp°] les
essoufflements
[°sp°] d'
agonisants
, les jappements[°sp°] de
chiots
[°sp°]
brisèrent
la femme et la bête[°sp°] jusqu'à l'assoupissement.
[°sp=
°]
Au grand étonnement de Gisèle, la conscience[°sp°] de la
mort
[°sp°] chez les
singes
était plus ancrée qu'imaginé. Mais leur conception[°sp°] de la
chose
s'éloignait de celle[°sp°] des
humains
puisqu'elle ne s'établissait pas sur la succession[°sp°] de
rites
qui animent les étapes[°sp°] du
deuil
, mais devenait un bref[°sp°]
instant
[°sp°]
douloureux
[°sp°] ou
joyeux
à l'excès.[°sp°]
Perdre
l'un des siens était une rupture [°sp°]de la
chaîne
qui vous reliait [°sp°]au travers des
âges
, cependant que réduire à néant [°sp°]son
adversaire
permettait de faire main basse [°sp°]sur la
virilité
du vaincu et s'engraisser [°sp°]d'une
joie
[°sp°]obscène jusqu'à
devenir
[°sp°] un
monstre.
[°sp=
°]
Au seuil de [°sp°]l'
étreinte
, étonnée, Gisèle survola [°sp°]l'
enfance
[°sp°] du
gorille
et découvrit [°sp°]un petit
hominidé
habité par[°sp°] d'innombrables
frayeurs
, [°sp°]telles que l'
ombre
[°sp°] du
léopard
[°sp°]
prédateur
[°sp°], la
violence
[°sp°] du
mâle
[°sp°]
dominant
,[°sp°] le
rire
maléfique des hyènes [°sp°]
transperçant
[°sp°] la
nuit
[°sp°] et la
présence
[°sp°]
silencieuse
[°sp°] des
serpents
.[°sp°] Quelques
tendresses
[°sp°]
émaillaient
[°sp°] les
épouvantes
%u2013 [°sp°]l'
épouillage
[°sp°] et les
chatouilles
. Elle vit [°sp°]cet
être
[°sp°]
apeuré
cheminer jusqu'à l'âge sérieux où naît[°sp°] l'
attrait
des femelles, l'envie[°sp°] de la
possession
[°sp°]
du
tout
et les irrépressibles désirs[°sp°] de
meurtre
[°sp°] et de
domination
.
[°sp=
°]
[°sp°]Dans les
casiers
réservés à Shakespeare,[°sp°]
sommeillait
une lady Macbeth se pourléchant[°sp°] les
mains
goûtant avec satisfaction la saveur âcre[°sp°] du
sang
. Le visage demeurait [°sp°]
incertain
, parfois la figure [°sp°]d'une
actrice
anglaise en noir et blanc, parfois la face de Gisèle. Dans tous les cas[°sp°], les
pulsions
dominaient [°sp°]les
traits
.[°sp°] Édouard se fit plus
mâle
[°sp°] que
mâle
, sa poitrine distendue comme emplie[°sp°] d'un
souffle
nouveau, il prit par la main[°sp°] la
pensée
flottante de Gisèle [°sp°]et l'
attira
vers une couche de sa forêt[°sp°]
pluviale
et sauvage.
[°sp=
°]
Gisèle frétillait d'aise malgré la gêne de voir [°sp°]ses
perversions
[°sp°]
étalées
et fut ravie d'observer le gorille [°sp°]
découvrir
[°sp°] sa
propension
[°sp°] au
meurtre
. Édouard ouvrait[°sp°] les
tiroirs
les uns après les autres grognant de plaisir [°sp°]devant les
contenus
[°sp°]
violents
[°sp°] ou
pervers
. Les humains apparaissaient plus sophistiqués que les singes dans l'art [°sp°]de la
malfaisance
. [°sp°]Sous l'apparence d'une
femme
[°sp°] au
minois
rieur et attrayant, se dévoilait sans honte[°sp°] une
cruauté
[°sp°] sans
pitié
. Ils formeraient [°sp°]un
couple
diabolique,[°sp°] des
tueurs
que [°sp°]l'
ampleur
[°sp°] de la
tâche
n'effraierait pas.
[°sp=
°]
Dans l'âme de Gisèle subsistaient les images [°sp°]d'une
pratique
héritée de son enfance. [°sp°]
Habitude
[°sp°]
tenace
à laquelle elle ne résistait pas et dont elle usait[°sp°]
quotidiennement
en cachette. Elle jouissait du plaisir sadique[°sp°] d'
écraser
[°sp°] les
fournis
[°sp°] avec son
doigt
,[°sp°] d'
écouter
[°sp°]
attentivement
[°sp°] le
craquement
[°sp°]des
armures
[°sp°] de
kératine
et de regarder[°sp°] le
liquide
[°sp°]
abdominal
[°sp°] s'
étaler
[°sp°]comme une vieille
mayonnaise
. [°sp°]Les
pattes
[°sp°] de l'
insecte
s'agitaient frénétiquement [°sp°]avant de se
figer
. Édouard ressentait de l'admiration [°sp°]devant ce
spectacle
[°sp°]
répété
d'innombrables fois.
[°sp=
°]Les deux [°sp°]
êtres
se tenaient enlacés,[°sp°]
visitant
[°sp°]les
pensées
[°sp°] les plus
profondes
de chacun[°sp°], mais
voyageurs
en terre inconnue, ils eurent la crainte de ne pas trouver [°sp°] d'
issue
, de s'engluer pour l'éternité[°sp°] dans les
méandres
[°sp°] du
cerveau
de l'autre et d'en acquérir [°sp°]les
qualités
[°sp°] et les
contraintes
.[°sp°] La
peur
est la première étape[°sp°] du
désir
, [°sp°]c'est un stimulant
puissant
qui entraîne [°sp°] la
curiosité
et conforte l'envie[°sp°] d'
exploration
. [°sp°]Tant que durerait la
nuit
, [°sp°] la
femme
et le gorille ne feraient qu'un et partageraient [°sp°]leurs
différences
,[°sp°]
rêves
et [°sp°]
cauchemars
[°sp°]les plus
sombres
.
<étiquetage>[°sp=
°]
[°sp°]
De son côté, Édouard fut décontenancé [°sp°]par la
structuration
du cerveau de la femme. [°sp°]Tout était
rectiligne
et hormis la folie [°sp°]de certains
fantasmes
[°sp°]
sautant
[°sp°]comme des
cabris
, [°sp°]toutes les
pensées
étaient classées [°sp°]sur des
étagères
[°sp°]
étiquetées
. [°sp°]Les
éléments
[°sp°] du
vocabulaire
étaient rangés par ordre [°sp°]
alphabétique
[°sp°]et les
chiffres
disposés [°sp°]dans une
progression
croissante [°sp°]et s'
étirant
vers un infini [°sp°]
insondable
. [°sp°]Un
livre
[°sp°] de
compte
tenu à jour exposait[°sp°] la
situation
[°sp°]des
gains
[°sp°] et des
dépenses
, que cela soit relationnel,
financier
ou de nature[°sp°]
mobilière
.étiquetage>
[°sp=
°]L'architecture d'un crâne[°sp°] de
gorille
[°sp°] est
spacieuse
[°sp°] et
confortable
. Les impulsions qui la traversent suivent mollement[°sp°] le
parcours
des neurones formant un grillage[°sp°]
ample
[°sp°] et
oscillant
, [°sp°]le tout ressemblant au
filet
[°sp°]des
trapézistes
[°sp°] de
cirque
. Gisèle cheminait [°sp°]dans ce qui semblait être une
forêt
[°sp°]
pluviale
[°sp°]. La
lumière
[°sp°] était
verte
[°sp°] et
tendre
,[°sp°] les
décharges
électriques accompagnant la circulation[°sp°] des
souvenirs
diffusaient cette musique rappelant[°sp°] la
parade
[°sp°]
nuptiale
[°sp°] des
cacatoès
. Tout de suite, elle fut à son aise [°sp°]en
déambulant
[°sp°] sur les
échappées
[°sp°]
bucoliques
[°sp°] du
gorille
.
[°sp=
°]
Gisèle pénétra[°sp°] dans l'
espace
[°sp°]
crânien
[°sp°] du
singe
[°sp°] et
dévida
[°sp°] le
fil
[°sp°] des
pensées
de celui-ci.[°sp°] De son côté, Édouard,
agissant
de même,[°sp°] s'étonnait des
fantasmes
lubriques[°sp°] de la
fille
. Sans un mot, [°sp°]sans
ouvrir
[°sp°] la
bouche
[°sp°]l'un et l'autre
découvraient
[°sp°] et
comprenaient
[°sp°] le
brouhaha
[°sp°] des
fulgurances
,[°sp°] des
idées
,[°sp°] des
désirs
[°sp°] et des
hypothèses
de chacun. [°sp°]Ils
communiquaient
[°sp°]sans la moindre
parole
[°sp°]et pour la première fois dans l'
histoire
[°sp°] de la
nature
, [°sp°]un
animal
[°sp°] et une
humaine
[°sp°]
dissertaient
[°sp°]sur l'
avenir
[°sp°] du
monde
,[°sp°] la
force
[°sp°] des
désirs
[°sp°] et la
variété
[°sp°] des
philosophies
.
[°sp=
°]
[°sp°]Une
étoile
filante [°sp°]
traversa
[°sp°] le
ciel
[°sp°] et
s'étiola
[°sp°] sur l'
horizon
.[°sp°] La
nuit
[°sp°] devint
froide
[°sp°] et une
brume
[°sp°]
tenace
[°sp°] issue du
fleuve
[°sp°]
se répandit
entre les enclos déposant le maigre[°sp°]
linceul
[°sp°] du
silence
[°sp°] sur les
choses
[°sp°]
vivantes
et mortes [°sp°] Ce qui
se produisit
à cet instant, bien qu'échappant[°sp°] à la
réalité
[°sp°] de la
science
, [°sp°]fut
effrayant
[°sp°] pour les deux
témoins
et acteurs [°sp°]de ce
récit
. Ils éprouvèrent la sensation d'une profonde[°sp°]
modification
sans en deviner les effroyables conséquences. En définitive, nous pouvons estimer que ce fut un horrible [°sp°]
miracle
.
[°sp=
°]
[°sp°]Un
frémissement
[°sp°]
parcourut
[°sp°] l'
échine
[°sp°] du
singe
,[°sp°] alors Gisèle
interrogea
[°sp°] le
regard
[°sp°] de la
bête
. Celui-ci était planté [°sp°] dans ses
yeux
à elle avec une morgue presque humaine[°sp°] et une
aisance
supérieure[°sp°]. Elle n'osa pas
risquer
[°sp°] un
oeil
vers l'entre-patte [°sp°]craignant
découvrir
[°sp°] l'
écho
[°sp°]
sismographique
[°sp°] de ce qu'elle
observait
[°sp°]sur la
face
[°sp°]
simiesque
. Elle n'osa pas, [°sp°]mais elle le
désira
[°sp°] si fort que sa
figure
se poudra[°sp°] du
carmin
[°sp°] des mauvaises
pensées
.[°sp°] Elle sut qu'ils
feraient
[°sp°] des
choses
outrepassant les limites[°sp°] de la
bienséance
et du zoo,[°sp°] une sorte de
conquête
[°sp°] de la
chair
[°sp°] et du
monde
.
[°sp=
°]
[°sp°]Le
gorille
s'immiscerait dans le débat des hommes et imposerait [°sp°] sa
force
[°sp°] dans les
enceintes
[°sp°]
feutrées
[°sp°] où
se décide
[°sp°] l'
avenir
.[°sp°] Trop de
maladresses
[°sp°] et d'
intérêts
[°sp°]
personnels
avaient présidé aux décisions. L'existence [°sp°]
humaine
s'écartait[°sp°] de la
vie
,[°sp°] si bien qu'il était temps d'
éteindre
[°sp°] les
cheminées
,[°sp°] de
ruiner
[°sp°] les
économies
, de tirer un trait [°sp°] sur le
confort
et d'obliger [°sp°]ces
êtres
[°sp°]
glabres
à se pelotonner [°sp°] dans des
lits
glacés.[°sp°] La
panique
[°sp°] et l'
effroi
issus[°sp°] des
obscurités
en feraient de faibles [°sp°]
individus
prêts à se laisser guider [°sp°]par un
maître
.
[°sp=
°]
[°sp°]Le
livre
[°sp°]
posé
[°sp°]devant la
vitre
[°sp°] et
lu
[°sp°] dans l'
après-midi
parlait [°sp°]de la
vie
[°sp°]
privée
comme d'un marchepied[°sp°] vers l'
engagement
[°sp°]
public
.[°sp°] L'
homme
,[°sp°]
maître
[°sp°]de son
domaine
, avait droit[°sp°] de
mort
[°sp°] sur ses
femmes
,[°sp°] ses
enfants
,[°sp°] ses
esclaves
, mais il était responsable[°sp°] de leur
existence
.[°sp°] Ce
mélange
[°sp°] d'
obscurité
[°sp°] et de
clarté
façonnait le [°sp°]devoir de
participer
[°sp°] aux
décisions
[°sp°]
publiques
et obligeait [°sp°]à se
nourrir
[°sp°] de cette
gravité
pour l'ordonnancement[°sp°] du
bien
commun. Se soustraire à cela [°sp°]serait un
déshonneur
[°sp°] conduisant à la
déchéance
. Édouard [°sp°]
opta
[°sp°]pour l'
honneur
.
[°sp=
°]
[°sp°]De son côté, le
gorille
[°sp°]
déchiffrait
[°sp°] dans les
odeurs
[°sp°] de la
femme
[°sp°]une
carte
indiquant [°sp°]un
parcours
[°sp°] d'
émotions
[°sp°]
incontrôlables
menant[°sp°] à la
passion
. Une femelle[°sp°]
humaine
[°sp°]
subissait
[°sp°] la
force
[°sp°]
animale
[°sp°] et
brute
qui était la sienne.[°sp°] Malgré des
millénaires
[°sp°] d'
intelligence
[°sp°] et de
domination
,[°sp°] une
fille
[°sp°] d'
homme
[°sp°] faisait
allégeance
,[°sp°]
prenait
le [°sp°]
risque
[°sp°]d'un
accouplement
contre nature, [°sp°]
acceptait
[°sp°]le
pouvoir
[°sp°] de la
bête
[°sp°] et les
rites
[°sp°]
simples
[°sp°] qui
régissent
[°sp°] les
ébats
[°sp°] des
êtres
[°sp°]
naturels
. Il en tira[°sp°] de l'
orgueil
[°sp°] et sentit
grandir
en lui[°sp°] l'
ambition
[°sp°] du
pouvoir
.
[°sp=
°]Gisèle s'imprégnait des odeurs du [°sp°]
primate
[°sp°] et ne
perçut
rien[°sp°] de la
vie
[°sp°]
finissant
à proximité.[°sp°] Son
courage
[°sp°] et son
attention
étaient tournés [°sp°]vers cet
être
[°sp°] au
pelage
[°sp°]
sombre
et à la tête [°sp°]
oblongue
. [°sp°]Elle restait
sereine
malgré la possibilité [°sp°]qu'un
geste
[°sp°]
néfaste
[°sp°] et
animal
[°sp°]lui
brisât
[°sp°] le
cou
. Elle devinait que la frontière [°sp°]entre l'
empathie
[°sp°] et l'
amour
est incertaine. [°sp°]Elle craignait que ses
pulsions
naissantes ne soient que la représentation [°sp°]d'un
anthropomorphisme
[°sp°]
malsain
.[°sp°] Si le
sentiment
[°sp°]
amoureux
[°sp°]
se concrétisait
, [°sp°]cela
engendrerait
[°sp°] une
impossible
[°sp°]
destinée
.
[°sp=
°]
« [°sp°]Qu'est-ce que le
trépas
[°sp°] d'un
oiseau
? », [°sp°]pensa le
singe
. Edouard était prisonnier [°sp°]de l'
étreinte
[°sp°] de la
femme
[°sp°]
enserrant
[°sp°]son
doigt
, mais au pied de la vitre, les soubresauts[°sp°] de l'
animal
à l'agonie l'attiraient. [°sp°]Il
avait
[°sp°] la
curiosité
[°sp°]de la
chaleur
s'enfuyant [°sp°]des
corps
[°sp°]
meurtris
. Un véritable désir[°sp° ] de
retenir
[°sp°] la
vie
l'animait,[°sp°] mais lorsque la
mollesse
[°sp°]
élastique
[°sp°] et
froide
des cadavres [°sp°]
s'installait
, une passagère [°sp°]
jouissance
[°sp°] le
bouleversait
. [°sp°]Maintenant, seules les
plumes
[°sp°] sous le
vent
[°sp°]
vibraient
encore, alors il oublia[°sp°] le
volatile
et se projeta [°sp°]vers un plus grand
destin
, le sien.
[°sp=
°]
En dehors de la cage [°sp°]des
primates
[°sp°] et de son obscure
lumière
[°sp°]
bruissait
[°sp°] le
zoo
tout entier. [°sp°]Il y avait les
murmures
[°sp°]
saluant
[°sp°] la
nuit
naissante,[°sp°] les
hippopotames
ventripotents dansant [°sp°]au milieu de la
mare
[°sp°]et
secouant
[°sp°] mollement les
roseaux
accrochés [°sp°]à la
boue
[°sp°]
verte
. [°sp°]Plus loin, une
girafe
[°sp°] laissait
errer
[°sp°] son
regard
[°sp°]au-delà des
arbres
[°sp°]afin de
découvrir
l'origine [°sp°]d'une
musique
[°sp°]
mécanique
jamais entendue [°sp°]dans la
savane
. [°sp°]Sur une
pierre
[°sp°]au revers d'une
baie
,[°sp°] après un
choc
, comme démembré,[°sp°] un
oiseau
[°sp°]était
enlacé
[°sp°]par le
tourbillon
[°sp°]
vide
[°sp°] de la
mort
.
<éclair de peur>[°sp=
°]
Un [°sp°]
frisson
parcourut Gisèle, sautant [°sp°]de
vertèbre
[°sp°] en
vertèbre
[°sp°]comme les
singes
douroucoulis [°sp°]
parcourent
[°sp°] les
branches
artificielles [°sp°]des
arbres
installés [°sp°]dans les
cages
. Elle pensa [°sp°]à une
fulgurance
[°sp°] de
plaisir
, mais se ravisa et devina que[°sp° ] la
peur
[°sp°] et ses
étincelles
avaient [°sp°]
galopé
[°sp°]face à l'
apparition
[°sp°]
furtive
[°sp°] de la
violence
.[°sp°] Du
risque
ne demeurait [°sp°]qu'un
mirage
fugace [°sp°]
troublant
[°sp°] la
douceur
[°sp°] et la
surface
[°sp°] des
yeux
[°sp°] du
gorille
[°sp°]avant de s'
estomper
. Elle en conserva [°sp°]une
impression
[°sp°] de
malaise
confirmant [°sp°]que le
plaisir
se marie[°sp°] au
danger
de la mort.éclair de peur>
[°sp=
°]
Il est rarement donné [°sp°]à un
fauve
la possibilité[°sp°] d'
assouvir
[°sp°] sa
faim
si facilement. D'une impulsion, [°sp°]il
écraserait
[°sp°] la
nuque
[°sp°], d'une
traction
[°sp°], il
ouvrirait
[°sp°] la
poitrine
en deux et arracherait[°sp°] le
coeur
[°sp°] de la
femme
[°sp°] afin de le
dévorer
.[°sp°] Cette
viande
[°sp°]
fraîche
[°sp°]
améliorerait
[°sp°]les
repas
[°sp°]
déposés
[°sp°]dans les
mangeoires
[°sp°] - une
nourriture
[°sp°] toujours
fatiguée
[°sp°] par l'
attente
. D'un geste [°sp°]sa
puissance
[°sp°] serait
incontestable
, renforcerait[°sp°] la
déférence
exigée [°sp°]des
femelles
et submergerait de crainte [°sp°]ses
rivaux
. [°sp°]Pourtant, c'est un
geste
[°sp°] qu'il ne
fit
pas.
[°sp=
°]
[°sp°]
Machinalement
,
[°sp°]elle
enroba
[°sp°] ce que le
gorille
[°sp°] avait
offert
.[°sp°] Elle fut
surprise
[°sp°] par la
sensation
[°sp°]
agréable
[°sp°] d'une
peau
[°sp°] à l'
aspect
[°sp°]
velouté
[°sp°] et
soyeux
. Ce qui apparaissait de prime abord[°sp°] comme
monstrueux
recelait des fragments[°sp°] d'
élégance
. [°sp°]A la
suite
[°sp°] du
doigt
[°sp°]
s'élançait
[°sp°] le
poignet
[°sp°], le
bras
,[°sp°] une
épaule
[°sp°]
incommensurable
, [°sp°]le tout formant une
masse
[°sp°]
sombre
[°sp°] de
poils
[°sp°] et de
muscles
[°sp°], une
odeur
[°sp°] de
forêt
sous la pluie, la courbure [°sp°]d'une
montagne
. [°sp°]Au loin, au-dessus, comme
noyé
[°sp°] dans un
ciel
[°sp°]
ténébreux
,[°sp°] se distinguait le
charme
[°sp°]
lunaire
[°sp°] d'un
regard
[°sp°]
animal
.
[°sp=
°]
[°sp°]Le
face-à-face
[°sp°]et son
incertitude
dura longtemps, [°sp°]puis les
attirances
[°sp°]
se confirmèrent
. [°sp°]
Édouard
s'émouvait [°sp°]de cette
femelle
[°sp°]au
nez
disgracieux, de [°sp°]ces
jambes
[°sp°]trop
longues
[°sp°]et
filiformes
mieux adaptées [°sp°]à une
vie
[°sp°]de
girafe
, [°sp°]de cette
poitrine
sans avenir, [°sp°]car les
seins
[°sp°]étaient
flasques
[°sp°]et ne sauraient
nourrir
[°sp°]la moindre
progéniture
. [°sp°]Une
femelle
humaine est toujours [°sp°]d'une
laideur
[°sp°]
repoussante
à laquelle s'ajoutent [°sp°]les
odeurs
[°sp°]
artificielles
[°sp°]des
produits
[°sp°] de
nettoyage
. Toutefois il risqua [°sp°]un
doigt
[°sp°]qu'il déposa sur la
paume
[°sp°]de la petite
main
offerte.
[°sp=
°][°sp°]Devant la
soigneuse
, une flaque[°sp°] d'
urine
reflétait la masse sombre [°sp°]du
gorille
. Elle distinguait [°sp°]les
sourcils
arqués et l'air [°sp°]
supérieur
[°sp°]de ce
mâle
dominant. Elle pensa [°sp°]à la
chanson
de [°sp°]
Brassens
et souhaita qu'il ne la confondît pas avec [°sp°]le jeune
juge
, car elle n'avait [°sp°]
coupé
[°sp°] la
tête
de personne, [°sp°]mais la
perversion
s'insinuant [°sp°]en ses
pensées
, elle se demanda [°sp°]si la
chose
ne serait pas en définitive [°sp°]
délicieuse
. Sa peur s'atténua et [°sp°]elle se surprit à
sourire
. De hardiesse, elle releva[°sp°] la
tête
et croisa [°sp°]un
regard
dans lequel [°sp°]ses
imaginations
semblaient [°sp°]
inscrites
.
[°sp=
°][°sp°]Le grand
mâle
[°sp°] au
dos
[°sp°]
argenté
estimait[°sp°] que
Gisèle
[°sp°] était une étrange
femelle
.[°sp°] La
posture
[°sp°]de la petite
chose
recroquevillée devant lui attisait[°sp°] ses
soupçons
[°sp°]et confirmait qu'il était en présence d'une
folle
. [°sp°]La journée n'avait pas été
simple
[°sp°] et il s'était évertué à
lire
[°sp°] la
page
[°sp°] d'un
livre
posé sur le rebord [°sp°]
bétonné
[°sp°]derrière la
baie
vitrée [°sp°]le séparant du
public
. [°sp°]Une suite de
phrases
[°sp°]
compliquées
[°sp°]
écrites
[°sp°]par une
femme
au prénom de Hannah et du nom de Arendt. Elle s'interrogeait [°sp°]sur la
condition
[°sp°] des
hommes
modernes. Édouard se gratta [°sp°]les
couilles
[°sp°]
ostensiblement
et oublia [°sp°]la
philosophie
.
[°sp=
°]
[°sp°]Nul ne sut ce qui
se passa
cette nuit-là sur le territoire [°sp°]des
gorilles
et personne ne perçut [°sp°]la moindre
modification
[°sp°]dans les
comportements
du clan. [°sp°]Toutefois le matin,
Édouard
, [°sp°]le grand
mâle
[°sp°]au dos
argenté
[°sp°]laissait
errer
[°sp°] son
regard
[°sp°]avec une
lenteur
[°sp°]
inhabituelle
[°sp°]et une
acuité
augmentée. [°sp°]Seule
Gisèle
,[°sp°] la
soignante
[°sp°] du
zoo
devina que les jours à venir [°sp°]seraient
animés
. [°sp°]Au soir, les derniers
visiteurs
partis,[°sp°] elle se risqua dans l'
enclos
[°sp°]et
s'accroupit
, [°sp°]le
visage
[°sp°] tourné vers le
sol
[°sp°]et une
main
offerte en soumission.[°sp°]
Édouard
[°sp°]
fronça
[°sp°] les sourcils.
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