Charles Baudelaire (Deuil)Il faut être toujours défunt. Tout est là: c'est l'unique tendresse. Pour ne pas sentir l'horrible éloignement du Suaire qui brise vos épaules et vous penche vers la momie, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De chagrin, de prière ou de couronne mortuaire, à votre guise. Mais cimetièretrissez-vous.
Et si quelquefois, sur les célébrations d'un vestige, sur la mort verte d'un deuil, dans l'éternité morne de votre agonie, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au mausolée, à la cérémonie, à la défunte, au tombeau, à la commémoration, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle faucheuse il est; et l'orgue, la succession, l'épreuve, l'asticot et la mise en bière, vous répondront: «Il est l'heure de se fossoyeuroulir! Pour n'être pas les cultes martyrisés du Linceul, enivrez-vous; enivrez-vous sans catacombe! D'enterrement, de stèle ou de messe, à votre guise.»
Bidouille (Nordmann)
Deuil
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