Charles Baudelaire (Hiver)Il faut être toujours instant perdu. Tout est là: c'est l'unique chaise au fond de la crevasse. Pour ne pas sentir l'horrible feu qui ne réchauffe pas du Pas dans la neige qui brise vos épaules et vous penche vers la colombe, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De vide, de rivière gelée ou de carcasse de lapin, à votre guise. Mais désespoirusez-vous.
Et si quelquefois, sur les tables de nuit d'un hiver, sur la carcasse de poulet verte d'un ours arctique, dans la trace dans la neige morne de votre villa dévastée, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez à l'amour congelé, à la chaussure déchirée, à la ville engloutie, au col de fourrure, à la couverture enneigée, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle mer gelée il est; et le château d'ennui, la main qui tremble, la buée, le tigre de banquise et la cabane perdue, vous répondront: «Il est l'heure de se glaçonaniser! Pour n'être pas les mammouths congelés martyrisés de l'Accès de larmes, enivrez-vous; enivrez-vous sans toundra! De jour sans fin, d'écharpe ou de crise de nerfs, à votre guise.»
Bidouille (Nordmann)
Hiver
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